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INFLUENCE
DE L’ENTRAINEMENT SUR LE CHOIX NUTRITIONNEL CHEZ DES COUREURS DE FOND DE 35-60
ANS (8ème Congrès de L’ACAPS — Macolin 1999) RIETH N.1, KORALSZTEIN J.P.1 & BILLAT V.L.2 1Centre
de Médecine du Sport, CCAS, Paris 2Laboratoire
d’Etudes de la Motricité Humaine, Faculté des Sciences du Sport et de l’éducation
Physique, Université Lille 2 Introduction La pratique d’un exercice physique a pour effet de déséquilibrer la balance énergétique d’un individu dans le sens d’une élévation de la dépense énergétique associée à l’activité physique. Si l’apport calorique est maintenu au niveau des besoins estimés avant le protocole, ce déséquilibre va alors aboutir à une perte de poids (Tremblay et al., 1984). Le coût énergétique d’une activité physique dépend du type, de la durée, de l’intensité de l’exercice effectué, ainsi que de l’individu qui le réalise (homme ou femme, sportif de haut niveau ou sportif débutant). En conséquence, la plus forte dépense énergétique induite par l’exercice va être à l’origine d’une perturbation des besoins de l’individu dans le sens d’une modification quantitative mais aussi qualitative de ses apports énergétiques et en micronutriments (vitamines, minéraux). Les habitudes alimentaires de l’homme soumis à un entraînement physique régulier ont fait l’objet de plusieurs études (Klepping et al., 1984, Muet et al., 1988). Les résultats des études les plus récentes ont mis en évidence une réduction des apports caloriques qui semble suivre l’évolution générale des populations occidentales (Dupin, 1978). Par ailleurs, cette évolution semble être associée à une augmentation de la consommation des lipides aux dépends de la consommation glucidique. Ce travail a donc pour but d’étudier le comportement alimentaire d’une population de sportifs d’endurance ayant un entraînement modéré. Matériel
et méthodes Sujets : L’étude a été conduite chez six sportifs masculins de loisir pratiquant un entraînement de course de fond (10 km, semi-marathon et marathon) régulier (3 à 5 fois/semaine), d’âge moyen (41,4±9,2 ans), de taille moyenne (174,3±4,2 cm) et de poids moyen (69±7,4 ans). Enquête alimentaire et entraînement La procédure comprend deux étapes principales le recueil et le traitement des données. Le recueil des données a été réalisé selon la méthode du semainier de Klepping et al 1979). Pendant 3 jours consécutifs, chaque sujet devait noter sur un carnet alimentaire au fur et à mesure les différentes prises alimentaires, qu’il s’agisse d’un repas, d’une simple collation ou d’une boisson. Devaient être mentionnés l’heure, le lieu et le contenu qualitatif et quantitatif du menu. La pesée des aliments a été conseillée mais n’a pas toujours été réalisée, l’estimation des quantités d’aliment consommées se faisant alors à partir d’une liste exhaustive d’« équivalences ménagères-portions » figurant dans un document explicatif joint au semainier. En tête de chaque feuille du semainier, le sujet devait reporter le plus fidèlement possible les caractéristiques (durée, intensité) de l’activité physique réalisée ce jour-là. Une fois remplis et retournés, ces carnets sont analysés par l’intermédiaire d’un logiciel de diététique Prodiet®. La banque de données sur laquelle se base ce logiciel est la dernière version du répertoire général des aliment CIQUAL (1995). A partir de ce logiciel, nous procèderons au: - calcul des apports énergétiques moyens totaux (AET) - traduction de ces apports en terme de nutriments: - Protéines, Lipides, Glucides, Eau (AQR: lml/kcal) - calcium, Magnésium, Phosphore, Potassium, Sodium, Fer, Vitamines du groupe B (B1, B2, B3 et B6). Résultats Paramètres
nutritionnels Les apports énergétiques moyens totaux sont de 2451,9 ± 420,2 kcal/j. Ils sont inférieurs aux recommandations pour une population ayant une activité physique normale (2700 kcal/j) La répartition énergétique correspond aux habitudes alimentaires occidentales pour les protides (13,7%) et les lipides (35%) mais demeure un peu basse pour les glucides (49,2%) (Tableau 1). Les apports en sels minéraux sont conformes, voire supérieurs (Fer: 16,1±3,6 mg/j), aux ANC. Sauf pour le magnésium qui, avec 314,6±56,2 mg/j, est inférieur aux normes recommandées (420 mg/j) (Tableau 2). Ceci est confirmé par le rapport moyen Ca/Mg (3,6±1,4) qui demeure trop éloigné des normes recommandées (Ca/Mg=2). L’apport vitaminique moyen est également remarquablement conforme aux valeurs conseillées pour la population française (Tableau 2). Dépense énergétique Le surcoût énergétique calculé d’après les cahiers d’entraînement a une valeur moyenne de 556 ± 203 kcal/j. Discussion Le principal résultat de cette étude concerne le déséquilibre de la balance énergétique dans le sens d’entrées énergétiques trop faibles dues à une consommation insuffisante d’aliments glucidiques. Cependant, le poids étant stable, ce résultat proviendrait soit d’une surévaluation des apports nutritionnels conseillés par Dupin (1992) pour une population de coureurs de fond, soit d’une compensation chez ces coureurs de la dépense consécutive à l’exercice par une réduction spontanée des dépenses quotidiennes extra sportives. Une ration alimentaire plus riche en glucides comme celle des coureurs kénians (Glucides=70% de l’AET) (Tanser, 1997) semblerait parfaitement adaptée pour améliorer ses performances. L’apport magnésique étant directement corrélé à l’apport calorique, le rapport Ca/Mg trop élevé reflète une consommation insuffisante d’aliments les plus riches en magnésium qui sont aussi les plus caloriques comme les fruits secs, le chocolat. Remerciements Cette
étude a pu être réalisée grâce au support financier de la Caisse Centrale
des Activités Sociales d’Electricité et Gaz de
France. Références DUPIN H., ABRAHAM J. & GIACHETTI 1. (1992). Apports nutritionnels conseillés pour la population française. Technique et documentation, Paris. HUET F., KLEPPING.J., MARAJO J., GIAOUI M., LEGRAND H. & GUEZENNEC J. (1988). Comportement nutritionnel du coureur de demi-fond. Aspects qualitatifs et quantitatifs. Rapports avec la dépense énergétique de l’entraînement. KLEPPING
J., BOGGIO V. & MARCER I. (1984). Résultats d’enquêtes
alimentaires réalisées chez des sportifs français. Schweiz.
Z. SportMed. 31:15-19. TANSER
T (1997) Train hard, win easy: the kenian way. Ed.
Taftzews press. TREMBLAY A., DESPRES J.P. & BOUCHARD C. (1984). Adipose tissue characterisucs of ex-obese long ditance runners. Jnt.J.Obes. 8 : 641-648. Tableau
1: Apports énergétiques et en macronutriments de la ration
(G,P,L:kcal/j; Glucides, protides, lipides: %; fibres: g)]) sujets AET G P L Glucides Protides Lipides Fibres
1
2380,7
1075,2 320,8
984,6 45,2
13,5 41,4
18,1
2
2309
1046,4 372,8
875,7 45,3
16,1 37,9
16,2
3
2150,5
1030
248,4
790,2 47,9
11,6 36,8
37,86
4 3283,2
1814,4 438,8
1029,6 55,3
13,4 31,4
21,23
5 2407,5
1097,04 350,4
960,3 45,6
14,6 39,9
13,22
6 2180,5
1223,08 288,24
495,54 56,1
13,2 22,7
27,77 Moyenne
2451,9
1214,4
336,6
856,0
49,2 13,7
35,0 22,4
ET
420,2
301,8 66,8
196,1
5,1
1,5
6,9
9,1
ANC 2700
1485 324
945 50-55
12 30-35
22 AET:
apport énergétique total; ANC: apports
nutritionnels conseillés (Dupin et la commission du CNERNA, 1992) Tableau
2:
Apports en
micronutriments de la ration
(mg/j) sujets
Magnésium
Calcium
Phosphore
Potassium
Sodium
Fer
Vit
B1
vit
B2
vit B3
Vit B6
1
280,8 674,5
1346,2 3349,2
5509,5
14,45 1,22
1,79
19,9
2,19
2
274,4 1446,6
1517,5 2978,7
5885,9 10,6
1,4
2,28
16,5
2,36
3
349,2 689,8
1271,4 3243,76
5283,5 15,9
1,98
1,84 19,42
2,78
4
365,2 1895,4
2135,9 4263
5746,6 15,86
2,09
2,99 16,97
2,47
5
241 990
1340,3 2937,46
4761,7 20,82
1,06
2,25 13,18
1,7
6
376,7 1029
1460,1 3613,6
4575 19,23
1,92
3,52
23,2
2,15 Moyenne
314,6
1120,9
1511,9
3397,6
5293,7
16,1
1,6
2,4
18,2
2,3
ET 56,2
472,6 318,4
491,7 529,5
3,6
0,4
0,7
3,4
0,4
ANC
420
900
800
3500
4400
10
1,5
1,8
18
2,2 |
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