Relation
entre distance limite et temps
limite de course pour des exercices intermittents brefs (15s) a allure
supramaximale (8ème
Congrès de l'ACAPS- Macolin 1999)
Dupont
G. 1, Blondel N. 1-2, Billat V. 1, Berthoin
S.1
1Laboratoire
d'Etudes de la motricité Humaine, Faculté des Sciences et de l'Education
Physique- Université de Lille 2. 2 UFR STAPS, Université
d'Artois.
Introduction
A
partir des travaux de Scherrer et coll. (1954) sur le travail dynamique
local, Ettema (1966) décrit une relation linéaire entre la distance limite (dlim)
et le temps limite (tlim) pour des exercices de course en continu dlim = a +
b.tlim. Le paramètre “a” a la
dimension d’une réserve d’énergie d’origine anaérobie et le paramètre
“b”, celle d’une vitesse critique pouvant théoriquement être maintenue
indéfiniment. Kachouri et coll. (1996) ont examiné cette relation
pour des exercices intermittents avec des intervalles dont la durée prenait
en compte le temps limite continu, c’est-à-dire d’une durée égale pour
tous les coureurs à 50% du temps maximal de maintien de la vitesse maximale aérobie
(VMA). Or, pour l’entraînement, des intervalles courts, d’une durée inférieure
à 1 min, à des vitesses supra-maximales sont régulièrement utilisés. Si
la réponse physiologique à ce type d’exercice a déjà été
étudiée (Christensen et coll., 1960), à notre connaissance, aucune
étude n’a porté sur le temps limite de maintien de ce type d’exercice,
ni tenté de vérifier la linéarité de la relation dlim=f(tlim). Le but de
cette étude est alors de mesurer les tlim pour des exercices intermittents
brefs (15s) et de vérifier si le modèle linéaire s’applique à ce type
d’exercices.
Méthode
Onze
adultes volontaires de sexe masculin dont l’âge, la taille et la masse sont
respectivement de 24,5+ 2 8 ans, 74 4+7,7
kg, 180 ± 6
cm se sont portés volontaires pour cette étude. Ils ont réalisé 5 épreuves
de terrain au cours desquelles la consommation d’oxygène moyennée sur 5s
(VO2 Cosmed K4, Italie) et la fréquence cardiaque (FC ; Polar
Accurex+) ont été mesurées en continu. Lors de la première épreuve, la
vitesse maximale aérobie a été mesurée (VMA ; Léger & Boucher, 1980). Lors des
4 épreuves suivantes, il leur a été demandé de répéter le plus grand
nombre possible de courses de 15 s à 110%, 120%, 130% et 140% de VMA, dans un
ordre aléatoire. La durée de l’échauffement était de 20 min à une
intensité correspondant à 60% de la VMA. Les courses étaient entrecoupées
de 15 s de récupération passive. Pour chaque sujet, la relation dlim=f(tlim)
a été calculée à partir des temps et distances effectives de
course. Les résultats sont présentés sous la forme moyenne ± écart type.
Les relations entre les différentes variables ont été analysées au moyen
de calculs de régression. Le seuil de signification a été fixé à
P<0,05.
Résultats
Sur le tableau I
sont présentés les principaux résultats obtenus lors des exercices
intermittents.
Pour
l’ensemble des sujets, de fortes relations sont obtenues entre dlim et tlim
(0,98<r<0,99 ; P<
0,001).
La pente moyenne de la relation dlim=f(tlim) où la vitesse critique
intermittente moyenne
(4,9±0,4
m/s) est significativement supérieure à
VMA (P<0,001) et représente en moyenne 106±3 % VMA. La constante de l’équation
dlim=f(tlim) est en moyenne de 179± 66,6
m.
Tableau
I: Paramètres
cardiorespiratoires maximaux et performances relevées lors de chaque exercice
intermittents.
____________________________________________________________________________________________________
Exercice
Exercice à Exercice à
Exercice à Exercice à
triangulaire
110% de 120% de
130% de 140% de
VMA
VMA VMA
VMA
Pic VO2 (ml/kg/min)
55,7±7,7
56,1±8,1 59,4±8,4
57,9±8,8
52±3,9
FC(bpm)
194±9
189±10
189±7
191±9
189±7,7
[La] (mmol.L)
9 6±1,6
8,8±2,7
11,2±2,9
12,4±3,9 12,4±3 9
dlim (m)
-
3467±1720 1554±496
1000±375 622±282
tlim (s)
-
676,4±341,2
279,5±95 6
165±64
96,7±45,7
__________________________________________________________________________________
Discussion
Les
valeurs élevées de VO2, FC et [La] mesurées lors de l’exercice
maximal et lors des exercices intermittents soulignent le caractère maximal
des épreuves. Les temps tlim moyens extrêmes sont de plus de i min pour
l’exercice à 110% de VMA et légèrement supérieurs à 10 min pour
l’exercice à 140% de VMA. C’est
sur cette plage de durée que Hill (1993) suggère de mesurer des tlim pour le
calcul de la vitesse critique, lors d’exercices continus.
Le
principal résultat de cette étude indique que, pour des exercices
intermittents brefs à allure supra-maximale, la
relation entre dlim et tlim est linéaire. En effet, pour chaque sujet, de
fortes relations sont observées entre le dlim et le
tlim (0,98<r<O,99 ; P<0,01).
Ces résultats confirment l’hypothèse de Kachouri et
coll. (1996) selon
laquelle la relation entre dlim et tlim était linéaire pour des exercices
intermittents. Cependant, dans cette étude, la relation était obtenue
pour des allures égales à 95 % et 105% de la VMA sur des durées égales à
50 % du temps limite
continu à ces mêmes intensités. Le fait de prendre 50% de la valeur
continue donnait toutes les chances de conserver la relation linéaire observée
en continue entre dlim et tlim. Or, cette relation établie à partir de 2
valeurs expérimentales ne pouvait être que linéaire. Les auteurs suggéraient
d’ailleurs d’en vérifier la linéarité avec plusieurs points.
Dans
cette étude, la vitesse critique intermittente représente en moyenne 106%
de VMA. On peut faire l’hypothèse
que cette vitesse, comme pour des exercices continus, ne peut être maintenue
au delà de 60 min (Hill, 1993).
Toutefois, ce résultat reste à confirmer. La relation établie entre
dlim et tlim pour les
exercices intermittents brefs permet de mieux calibrer le nombre de répétition
lors de l’entraînement et pour ce type d’exercice. En effet, pour
l’entraînement, les exercices proposés dépendent à la fois du type
d’exercice proposé (continu ou intermittent), de la vitesse de course (%VMA),
des durées de récupération et de leur nature, et du nombre de répétitions.
Lorsque pour un type d’exercice donné, la relation dlim=f(tlim) est établie
individuellement, il est alors possible de planifier au mieux les séances
d’entraînement en respectant les possibilités de chaque sujet.
Conclusion
Sur
une plage d’intensité supramaximale, pour des exercices intermittents
d’une durée de 15 s suivie de 15 s de repos complet, la relation
dlim=f(tlim) est linéaire. Dans ce cas, la vitesse critique intermittente est
supérieure à VMA.
Références
CHIRISTENSEN
EH., HEDMAN R. & SALTIN B.
(1960). Intermittent and
continous running. Acta
Physiol Scand5O: 269-286.
ETTEMA
J.H. (1966). Limits
of human performance and energy production. lut
Zfur angew Physiol Einschl Arbeitphysiol 22
45-54.
HILL
D.W. (1993). The critical power concept. Sports
Med 16 237-254.
KACHOURI
M., VANDEWALLE H., BILLAT V., HUET M.,
THOMAIDIS M., JOUSSELIN E. & MONOD H.
(1996). Critical velocity of continous and intermittent running exercise. Eur
J Appl Physiol 73 484-487.
LEGER
L. & BOUCHER R (1980). An
indirect continous running multistage field test: The Université de Montréal
Track Test. Can
J Appl Sport Sci 5
:
77-84.
SCHERRER
J., SAMSON M. & PALEOLOGUE A. (1954). Etude du travail musculaire
et de la fatigue Données ergométriques obtenues chez l’homme. J
Physiol. Paris. 46: 887-916.
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