|
Des physiologistes australiens (Australian
Institute of Sport : AIS) ont présenté les avantages
potentiels sur la performance d’un refroidissement avant une épreuve
sportive.
La mise sur le marché en 1996 de
« vestes réfrigérantes : ice jacket »
avant les Jeux Olympiques d'Atlanta (Martin et al., 1998) n’a fait
qu’accroître l’intérêt de cette technique, et plus particulièrement au cours des épreuves
en ambiance chaude.
Ainsi, le climat tropical (chaleur
> 30° avec une humidité quasi-permanente) représente la situation
physiologique la moins favorable pour « thermoréguler » son
organisme.
En de telles conditions, la température
du corps devient un facteur limitant de la performance lors d'exercices
à haute intensité de résistance (Gonzalez-Alonso et al., 1999 ;
Morris et
al., 1998).
Les stratégies qui consistent à
faire chuter la température corporelle
ou à augmenter les pertes de la chaleur sont couramment employées
pour améliorer la performance. Dans ces conditions, l'acclimatation
à la chaleur et l'ingestion de fluide sont des méthodes
bien établies pour améliorer la performance physique dans les tropiques.
- l'acclimatation abaisse la température
du corps au repos et fournit les adaptations cardiovasculaires qui
facilitent la perte de chaleur (Buono et al. 1998).
- l’hydratation permet d’atténuer
la perte du volume plasmatique et de lutter contre l’hyperviscosité
sanguine (Armstrong et al. 1997).
La méthode du refroidissement
(e.g. les vestes réfrigérantes) avant une compétition en ambiance
chaude pourrait être complémentaire aux stratégies précédemment
rapportées.
Cependant, ces accessoires ne refroidissent habituellement
qu' un petit secteur, et n'ont alors qu' un effet modéré sur la température centrale.
Ainsi, l'immersion dans l'eau
fraîche a un plus grand effet sur la température centrale en
maintenant une grande superficie de peau à la température de l'eau
(Booth et al., 1997). Ce dernier point reste difficilement praticable
sur le terrain !
L'exposition à l'air froid
est également une technique alternative pour refroidir une grande
superficie, mais elle est aussi difficilement réalisable.
Les études dans ce domaine ont
montré des effets substantiels sur la physiologie (principalement la fréquence
cardiaque et la température corporelle), et la plupart ont souligné des
effets bénéfiques sur la performance équivalents à 1-4% de la
puissance moyenne.
Toutefois, avec la « pré-réfrigération
agressive », les améliorations seraient plus grandes (jusqu'à
7%).
Effets du “pré-refroidissement” sur la performance
physique et leurs relations physiologiques (mesurées en fin d’épreuve)
dans une ambiance tropicale simulée. L’ordre des études est
fonction de la durée des exercices.
|
Durée
exercice (min)
|
Durée
froid (min)
|
Mode
|
Température
et humidité
|
|
Effets
|
Références
|
°C
|
%
|
Physiologiques
|
Performance
(%)1
|
0.8
|
45
|
AR+V
|
33
|
60
|
|
+
|
~
-6.0
|
Sleivert
et al., 2001
|
1.2
|
30
|
E
|
29
|
80
|
|
+
|
+3.3
|
Marsh
& Sleivert, 1999
|
4
|
30
|
V
|
33
|
60
|
|
+
|
+1.82
|
Yates
et al., 1996
|
6
|
5
|
MG
|
30
|
30
|
|
+
|
+3.03
|
Myler
et al., 1989
|
6.4
|
20
|
VT+E
|
38
|
40
|
|
+
|
-
0.64
|
Mitchell
et al., 2003
|
15
|
45
|
V+AR
|
33
|
60
|
|
+
|
+7.05
|
Cotter
et al., 2001
|
27
|
9
|
V
|
32
|
60
|
|
+
|
+2.8
|
Smith et al., 1997
|
20
|
38
|
V
|
32
|
50
|
|
+
|
+
|
Sigurbjörn
et al. 2004
|
30
|
30
|
E
|
30
|
32
|
|
+
|
?
|
Wilson et al., 2002
|
30
|
30
|
E
|
30
|
32
|
|
+
|
?
|
White
et al., 2003
|
30
|
60
|
E
|
31
|
60
|
|
+
|
+6.06
|
Kay et al., 1999
|
30
|
60
|
E
|
32
|
62
|
|
+
|
+4.2
|
Booth et al., 1997
|
30
|
|
V
|
|
|
|
+
|
+9
|
Webster et al., 2005
|
28-63
|
30
|
E
|
40
|
19
|
|
+
|
+3.07
|
Gonzalez et al., 1999
|
60
|
31
|
E
|
27
|
60
|
|
0
|
?
|
Bolster et al., 1999
|
30
x2
|
10
|
V
|
|
|
|
-
et +
|
0; p = 0.08
|
Hornery et al. 2005
|
90
|
10
|
V
|
30
|
60
|
|
+
|
2.48
|
Duffield et al., 2003
|
90
|
60
|
E
|
26
|
62
|
|
0
|
?
|
Drust
et al., 2000
|
VT
= ventilateur, V = veste réfrigérante, MG = massage avec glace,
AR = air refroidit, E = eau froide.
Effets observés: + = bénéfices, – = négatifs, 0 = non significatif, ? = non mesurés.
1Exprimée
en variation moyenne de la puissance ou en équivalent moyen de la
puissance (méthode de Hopkins
et al. 2001).
21.2%
sur 1000-m (rameur
type Concept II ).
31.0%
sur un test de 6-min (Concept II).
47.0%
jusqu’à épuisement.
516-17%
sur 15 min (puissance moyenne).
6
distance sur ergocycle.
737%
jusqu’à épuisement.
8puissance
moyenne sur une série de sprints.
9
gain de 49 secondes
|
Les études présentées ci-dessus,
nous laisseraient penser qu’un corps refroidi serait plus apte à être
performant dans des conditions climatiques tropicales.
On explique ce phénomène par un
abaissement de la température centrale initiale des athlètes, qui, de
fait, ont une plus grande amplitude thermique avant d'atteindre des températures
centrales élevées, voire critiques. Ces dernières sont principalement
retrouvées au cours des efforts
intenses en ambiance chaude et humide
(Brearley et Finn, 2003).
Néanmoins, l’effet ergogénique
lié au pré-refroidissement semblerait se limiter à des exercices
ayant une durée inférieure à 30 min.
Les chercheurs ont donc remis en
cause l'utilisation de la pré-réfrigération pour des
épreuves endurantes (Bolster et al., 1999).
Indépendamment de la diminution
des effets physiologiques en fin d’épreuves, le résultat
d’ensemble (puissance et/ou vitesse moyennes) apparaît cependant
comme bénéfique pour les sports d’équipe endurants
(Brearley et Finn, 2003).
Toutefois, l’investigation
scientifique du pré-refroissement sur les exercices intenses
intermittents est relativement pauvre.
Drust
et al. (2000) ont observé qu’une diminution de la température
corporelle avant un exercice en ambiance tropicale de 90 minutes sur
tapis roulant (spécifique au football) avait peu d’impact sur la température
centrale.
De leur côté, Duffield et al.
(2003) ont montré qu’une veste réfrigérante portée 5 minutes avant
un effort intermittent sur ergocycle de 10 minutes n’avait pas d'effet
significatif.
Ainsi, une durée optimale pour un
pré-refroidissement efficace serait comprise entre 15 et 60
minutes (Brearley et Finn,2003).
Finalement, même si les athlètes
continuent d’utiliser des vestes réfrigérantes avant un exercice
prolongé en ambiance tropicale (Brearley et al.,2002), il est encore
difficile de dire si un meilleur confort à l’effort s’exprime par
une performance supérieure.
Ce dernier point, nous amène inévitablement
vers la possibilité d’un effet placebo. Ne pouvant pas
supprimer aux volontaires la sensation de froid lors de protocole
d'essai, on imagine
l’importance de ce biais d'interprétation.
Une seule étude (Yates et al.,
1996) a travaillé sur ce problème, en utilisant une eau colorée
thermiquement neutre et en suggérant aux athlètes qu'elle pourrait
conférer un avantage semblable à celui de la pré-réfrigération.
On peut donc dire que la plupart
des études surestiment probablement la contribution physiologique de la
pré-réfrigération sur la performance.
On note toutefois que les effets
potentiels du pré-refroidissement ne seraient pas retrouvés au cours
d’exercices réalisés en ambiance tempérée (Cheung et Robinson,
2004)
Enfin,
il existe un danger, non négligeable, du pré-refroidissement: les athlètes
ont tendance à minimiser les risques associés à la chaleur (hyperthermie, déshydratation, … !)
Et le futur…
La stratégie du pré-refroidissement
sera- t-elle maintenue ?
Des idées fusent. En effet, on
parle d’alternative incluant l’utilisation de bonnets ou de gants réfrigérants,
voire l’injection intraveineuse ou l’ingestion de fluides refroidis
…
A suivre…
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