Etude longitudinale de l’oxydation des glucides au cours de l’exercice intense chez des cyclistes de haut niveau  

(9ème Congrès de l'ACAPS- Valence 2001)

MANETTA J.1-2, MAIMOUN L.2-3, GALY O.4, COSTE O.2, RAIBAUT J.L.2,CASTEL C.2, BENEZIS C.2, PREFAUT C. 1, BRUN J.F. 1, MERCIER J. 1

1Service Central de Physiologie Clinique: (CERAMM), CHU Lapeyronie, Montpellier

2Centre Régional de Médecine du Sport (CRMS), Maison des Sports,  Montpellier

3Service de Médecine Nucléaire, CHU Lapeyronie, Montpellier

4Laboratoire ACTE: Faculté des Sciences du Sport Antilles-Guyane, Pointe à Pitre.

 

Introduction

Au cours de l’exercice physique, les deux principaux substrats disponibles sont les glucides et les lipides. Cependant, et selon la théorie du « crossover concept », l’entraînement en endurance, favorise l’utilisation des lipides, alors que l’utilisation accrue des glucides est induite par l’augmentation de l’intensité de l’exercice (Brooks & Mercier, 1994). Ainsi au cours de l’effort intense, un sportif très entraîné augmenterait sa dépendance vis à vis des glucides. Récemment, nous avons montré que l’entraînement en endurance augmentait l’utilisation des glucides au cours de l’exercice intense (Manetta et al., 2001). Toutefois, les données dans la littérature découlent essentiellement d’études transversales. Par ailleurs, puisque les sportifs compétiteurs pratiquent leur discipline à haute intensité (surtout pendant les compétitions), nous avons examiné longitudinalement l’utilisation des glucides au cours de l’effort intense. Ainsi notre hypothèse de travail avançait que l’entraînement important favoriserait l’utilisation des glucides au cours d’une saison sportive.

Méthode

Sept cyclistes de haut niveau  (âge: 22.9 ± 2.1 ans, poids: 68.9 ± 3.3 kg, taille: 180 ± 2.5 cm, masse grasse: 10.9 ± 0.6 %, VO2max: 67.9 ± 1.3 ml.min-1.kg-1) ont participé à cette étude. Ces derniers ont été comparés à sept sujets sédentaires contrôles (âge: 24.5 ± 1.3 ans, poids: 73.4 ± 2.1 kg, taille: 176 ± 1.4 cm, masse grasse: 17.3 ± 1.2 %, VO2max: 44.7 ± 1.5 ml.min-1.kg-1). Après avoir déterminé la VO2max et le seuil ventilatoire (SV), l’oxydation des glucides à même intensité relative de tous les sujets a été évaluée par calorimétrie indirecte en état stable (Peronnet & Massicotte 1991), après une nuit de jeûne, au cours d’une épreuve intense (+ 15 % du SV) de 50 minutes sur ergocycle. Les cyclistes ont effectué ces épreuves trois fois dans la saison [(janvier: ET1, mai: (ET2) et septembre (ET3)]. Parallèlement, nous avons évalué la performance physique directement par les résultats obtenus en compétition, mais aussi à l’aide d’un questionnaire psychocomportemental précoce du surentraînement (Legros P. & le groupe de surentraînement, 1993).

 

Résultats

Nos résultats indiquent que l’entraînement intensif (14h/semaine) chez nos cyclistes augmente l’oxydation des glucides à même intensité relative au cours de l’effort  intense pendant la saison sportive (P< 0.05). Cependant, nous notons une diminution de cette oxydation entre ET2 et ET3 (P< 0.05). Lorsque l’on compare leurs données à celles des sujets sédentaires, on montre que l’oxydation des glucides est supérieure chez les Cy seulement à ET2 (P< 0.05). La mesure de la lactatémie au cours de l’exercice montre que les Cy ont des valeurs plus basses à ET2 (P< 0.05) et plus hautes à ET3 (P< 0.05) qu’à ET1 et que les sed ont des valeurs supérieures à celles des Cy à ET1 et ET2 (P< 0.05). Les puissances relatives des Cy utilisées au cours des différents tests (ET1-ET3) n’ont pas variées significativement. Toutefois les résultats obtenus en compétition par les Cy indiquent une chute des performances entre ET2 et ET3 (- 34 %, P< 0.05), mais aussi une augmentation du nombre d’items positifs dans le questionnaire d’auto-évaluation de surentraînement (+ 30 %, P<0.05). Les différences significatives entre les Cy et les sed au cours de l’exercice ont été mesurées par une analyse de variance (ANOVA) à mesures répétées.

 Conclusion

Cette étude montre que l’utilisation des glucides, mesurée à même intensité relative au cours de l’exercice intense, augmente après un entraînement en endurance pendant la saison sportive chez des cyclistes de haut niveau. Toutefois, cette augmentation semble atteindre un pic correspondant à la période optimale (ET2) des résultats obtenus en compétition. Inversement, la diminution des performances réalisées en course, l’orientation des athlètes vers un état de surentraînement et l’augmentation de la lactatémie d’exercice entre ET2 et ET3, paraissent associées à la diminution de l’oxydation des glucides mesurée en fin de saison. Ainsi, l’entraînement en endurance semble conduire les cyclistes vers une glucido-dépendance, pouvant être elle-même modifiée par l’état d’entraînement antérieur. Ce dernier point, pourrait expliquer les controverses dans les études transversales mesurant les effets de l’entraînement sur l’oxydation des substrats énergétiques au cours de l’exercice.

 Références

Brooks G.A. & Mercier J. (1994). Balance of carbohydrate and lipid utilization during exercise: the “crossover” concept. J Appl Physiol 76: 2253-2261

Legros P. & le groupe de surentraînement (1993). Le surentraînement: diagnostic des manifestations psychocomportementales précoses. Science & Sports 8: 71-74.

Manetta J., Brun J.F., Perez Martin A., Callis A. Préfaut P. & Mercier J. (2001). Fuel oxidation during exercise in middle-aged men: Role of training and glucose disposal. Med Sci Sports Exerc (sous presse, 2002).

Peronnet F. & Massicote D. (1991). Table of nonprotein respiratory quotient: an uptake Can J Sport 16:23-29.

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Dernière modification : 15 juin 2005