L’érythropoïétine (EPO)      

Les sportifs des épreuves d’endurance, notamment les cyclistes, les skieurs de fond et les marathoniens, savent depuis toujours qu’ils peuvent améliorer leur performance en augmentant l’apport d’oxygène dans leurs muscles. Pour y parvenir, ils font appel à un grand nombre de techniques qui accroissent le nombre de globules rouges (érythrocytes ou hématies), responsables du transport d’oxygène. Parmi ces techniques, des méthodes physiologiques, comme celle qui consiste à s’entraîner à haute altitude afin de stimuler la production physiologique de globules rouges, ainsi que des méthodes illégales et dangereuses comme le dopage sanguin et, plus récemment, le recours à l’érythropoïétine (EPO), obtenue par génie génétique.

  Il n’est donc pas étonnant que l’EPO ait franchi les frontières de la communauté sportive pour remplacer le dopage sanguin. En d’autres termes, plutôt que de pratiquer le genre de dopage décrit précédemment, les athlètes ont découvert qu’ils pouvaient augmenter leur masse érythrocytaire, et par conséquent libérer davantage d’oxygène dans leurs muscles, en s’administrant de l’EPO obtenue illégalement. En Europe, où cette substance est disponible depuis des années, des faits anecdotiques (affaire festina,...) ont déjà été signalés concernant l’usage d’EPO, à des fins non thérapeutiques, par des sportifs engagés dans des épreuves d’endurance, notamment des skieurs et coureurs de fond, des cyclistes, sans oublier les footballeurs.

Cependant, l’érythropoïétine soulève de graves problèmes de contrôle antidopage.  Premièrement, cette hormone est métabolisée si rapidement par le foie (sa durée de vie est de 6 à 8 heures) qu’un accroissement du taux de cette substance n’est détectable que pendant une période très courte. Deuxièmement, comme dans le cas des stéroïdes androgènes anabolisants, l’érythropoïétine produit ses effets bien au-delà de la période où la détection, pourtant facile, précise et peu coûteuse, est encore possible. Il serait donc vain de tenter d’appliquer la technique, pourtant répandue, de l’analyse du sang pour détecter l’EPO. Troisièmement, il est toutefois possible de la détecter dans l’urine (validation d’une méthode indirecte par l’AMA en juin 2001), ce qui n'empêche pas les tricheurs d'arriver juste quelques jours avant l'épreuve (sur un site olympique par exemple !). Ces derniers peuvent ainsi  profiter des effets dopants les jours suivants, puisque l'EPO améliore le potentiel endurant une semaine après l'arrêt du traitement. Dans ces conditions, les athlètes peuvent encore utiliser l'EPO sans être contrôler positif le jour de la compétition. Ce test  reste toutefois valable lors des contrôles inopinés.  L’évaluation de l’hématocrite et des taux d’hémoglobine a été envisagée comme mesure de substitution pour détecter le dopage ou l’abus d’EPO. Bien que ce moyen de lutte soit obsolète ( car la plupart des sportifs se réhydratent artificiellement), Il faudrait au préalable que les diverses instances sportives s’entendent sur les normes admises chez les athlètes des épreuves d’endurance et, deuxièmement, que le concept du dépistage sanguin soit accepté dans les sports où il y a risque d’abus d’EPO et de dopage sanguin. Arrêtons de s’acharner sur le cyclisme, véritable bouc émissaire du dopage!

   L’usage d’EPO à des fins non thérapeutiques est très dangereux pour la santé. Une utilisation inappropriée provoque l’augmentation de la densité et de la viscosité du sang, l’empêchant ainsi de passer facilement par les vaisseaux étroits. Lorsque cette viscosité s’accompagne de déshydratation, comme chez les athlètes de compétition, elle augmente encore davantage et provoque l’agrégation des hématies. Lorsque l’hématocrite dépasse 55 %, la viscosité du sang s’accroît de façon exponentielle, augmentant ainsi le risque d’occlusion de l’artère coronaire (crise cardiaque) ou de l’artère cérébrale (attaque). Les occlusions peuvent également survenir dans d’autres vaisseaux sanguins et entraîner de graves complications. 

Compte tenu de ces données, on pense que l’EPO est certainement responsable du décès d’un grand nombre de coureurs cyclistes des Pays-Bas et de Belgique. L’EPO a en effet été lancée sur le marché européen en 1987; or, entre 1987 et 1990, aussi incroyable que cela puisse paraître, plus d'une vingtaine de cyclistes amateurs et professionnels (déclarés officiellement), hollandais et belges, sont décédés sans qu’on puisse expliquer raisonnablement ces morts prématurées. De son côté l’affaire Festina a dévoilé au grand public l’ampleur du dopage dans le sport moderne. Comme toutes les autres drogues injectables utilisées à mauvais escient, notamment l’hormone de croissance, l’abus de ce produit comporte un risque d’hépatite, de SIDA et d’autres infections liées à l’utilisation d’aiguilles et de seringues non stériles.  

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Dernière modification : 09 juin 2004